Les Français et la mort : croyances, angoisses et dernières volontés

Les Français et la mort : croyances, angoisses et dernières volontés

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À l’heure où la spiritualité et la religion connaissent des transformations majeures, la question du rapport des Français à la mort demeure un sujet particulièrement intéressant.

Une enquête exclusive de l’IFOP pour Plaquedeces.fr

Afin d’en dresser les contours, Plaquedeces.fr le spécialiste des plaques funéraires a confié à l’IFOP le soin d’interroger plus d’un millier de nos compatriotes sur leurs croyances en un après la vie terrestre, leurs volontés quant à l’organisation de leurs obsèques ou encore leurs angoisses vis-à-vis de leur propre disparition et celle d’êtres chers.

Les résultats de cette étude montrent notamment une nette progression de la proportion de Français qui ne se prononcent pas sur la possibilité d’une vie après la mort, abandonnant leurs certitudes passées pour laisser la place au doute. En matière de croyances, qu’il s’agisse du paradis et de l’enfer, de la réincarnation ou encore de la vie éternelle, l’on constate que les plus jeunes sont également, aux côtés des croyants pratiquants, les plus nombreux à adhérer à ces phénomènes.

L’enquête confirme par ailleurs deux tendances observées depuis plusieurs décennies, en l’occurrence la nette diminution du recours aux obsèques religieuses et le choix de la crémation plutôt que l’inhumation chez une majorité de Français.

Enfin, elle témoigne que si la mort fait toujours peur, c’est surtout celle des autres – enfants, parents, amis proches – qui est redoutée, bien plus que sa propre mort.

La vie après la mort

1- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

En 50 ans, la croyance d’une vie après la mort a relativement peu évolué chez les Français, passant de 37% à 31%. En revanche, la part des personnes interrogées habitées par le doute a doublé sur la même période : quand 16% ne se prononçaient pas sur la question en 1970, elles sont 33% à ne pas avoir d’avis tranché en 2023. L’appétence de plus en plus forte de nos concitoyens pour les sujets paranormaux et ésotériques peut expliquer la progression de cette incertitude quant à ce qu’il se passe réellement après la mort. D’ailleurs, les jeunes, qui sont les plus sensibles à ces phénomènes, sont également les plus nombreux à croire en une autre vie possible : 41% des moins de 35 ans sont dans ce cas contre 27% des 35 ans et plus.

Sans surprise, c’est chez les croyants religieux que l’on trouve le plus de personnes adhérant à l’idée d’une vie après la mort. Près de 7 sur 10 (69%) y croient, un chiffre largement supérieur à celui enregistré chez les simples croyants (38%) et sept fois plus fort que celui affiché par les athées convaincus (10%). En outre, chez les croyants religieux, seuls 7% disent fermement ne pas y croire, 24% ne se prononçant pas. Une incertitude plus forte encore chez les croyants non religieux puisque 40% d’entre eux ne choisissent pas, tandis que chez les athées, le doute semble tout de même subsister pour plus d’1 sur 4 (29%).

Enfin, une corrélation claire existe entre croyance en une vie après le décès et préférences en matière d’obsèques : 43% de celles et ceux qui choisissent l’enterrement croient en une vie après la mort quand 45% des adeptes de la crémation n’y croient pas.

Mort et croyances

2- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

La vie éternelle. La mesure de la croyance des Français en la vie éternelle bénéficie d’un historique remontant à l’après Seconde Guerre mondiale. En 1948, près de 6 Français sur 10 (58%) avaient foi en cette perspective. Soixante-quinze ans plus tard, dans un contexte de baisse d’influence de la religion dans leur quotidien, ce chiffre a été divisé par deux pour atteindre 27%. Toutefois, la vie éternelle reste un concept fort chez les croyants religieux puisque 73% d’entre eux y souscrivent, loin devant les croyants non religieux (35%) et les athées (5%). En matière d’âge, l’idée de vie éternelle convainc davantage les jeunes (37% des moins de 35 ans s’y rallient) que leurs aînés (18% chez les 50-64 ans et 23% chez les 65 ans et plus).

La réincarnation. C’est la seule croyance mesurée dans cette étude de l’IFOP qui enregistre une progression en termes d’adhésion chez les Français, passant de 22% en 2004 à 32% en 2023, soit une hausse de 10 points en deux décennies. Une progression à l’évidence portée par les jeunes générations puisque les moins de 35 ans sont plus de 4 sur 10 (43%) à répondre positivement à cette question.  Il est également à noter que chez les croyants religieux, l’idée de réincarnation n’est acceptée que par un peu plus de la moitié des répondants (55%), soit le plus faible score des quatre items proposés.

Le paradis et l’enfer. Stables dans l’opinion ces quarante dernières années (30% en 1980, 37% en 2004 et 32% en 2023), les notions de paradis et d’enfer sont familières aux croyants religieux qui sont 8 sur 10 à croire en leur existence. Chez les croyants non religieux, la proportion est divisée par 2 (42%) et tombe à 6% (tout de même) chez les athées. Le chiffre fort, c’est celui à nouveau exprimé par les moins de 35 ans dont près de la moitié (48%) adhèrent au paradis et à l’enfer.

La résurrection. 24% des personnes interrogées croient en la renaissance de l’âme ou du corps après la mort (elles étaient 30% en 1980 et 28% en 2004), phénomène auquel souscrivent plus de 6 croyants religieux sur 10 (63%) mais à peine plus d’1 croyant non religieux sur 4 (29%). Si les jeunes sont là aussi les plus nombreux à y croire (31%), c’est dans des proportions nettement inférieures à leur foi en la réincarnation ou au paradis et à l’enfer.

Que devient l’humain ?

3- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Pour près de 4 Français sur 10 (39%), ce qui se passe après le décès d’un être humain ne fait guère de mystère : il disparait complètement. Si tout juste 1 croyant religieux sur 10 (10%) en est convaincu, ils sont près de 6 sur 10 (58%) chez les athées et 30% chez les croyants non religieux. Cette conviction est partagée par 45% des plus de 50 ans contre 31% des moins de 35 ans.

Les Français qui estiment que tout ne s’arrête pas avec la mort penchent pour l’immortalité de l’âme humaine (14%, identique à une mesure effectuée en 1999), l’attente de réincarnation dans un autre corps (13%, identique à 1999) et l’attente de résurrection des corps (6% contre 11% en 1999).

Si 69% des croyants religieux jugent l’un ou l’autre de ces trois scénarios crédible, c’est le cas de 40% des croyants non religieux et de 13% des athées.

La part de personnes ne se prononçant pas sur cette question en 2023 (28%) est en progression comparativement au sondage CSA mené pour Actualité des Religions en 1999 (20%), confirmant ainsi l’incertitude qui semble gagner de plus en plus de nos concitoyens en la matière.

Obsèques : le religieux en perte de vitesse

4- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

En 15 ans, soit une période relativement courte, la part de Français souhaitant pour eux-mêmes des obsèques religieuses est passée de 55% à 40%. Dans le même temps, le choix pour des obsèques civiles a progressé de 25% à 31% tandis que l’absence de toute cérémonie a bondi de 10 points (de 19% à 29%). 6 Français sur 10 optent donc aujourd’hui pour une inhumation ou une crémation dénuées de caractère religieux.

Il n’en reste pas moins que chez les croyants pratiquants, la cérémonie religieuse reste largement prédominante puisque 88% d’entre eux disent qu’ils y auront recours. C’est également le cas pour plus de la moitié (56%) des croyants non religieux. Quant aux personnes se disant athées convaincus, elles sont sans surprise 94% à s’orienter vers des obsèques dont la religion sera absente.

La crémation pour un Français sur deux

5- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Très minoritaire au tournant des années 80 (20% des Français seulement y songeaient en 1979), la crémation n’a cessé depuis de progresser pour s’imposer aujourd’hui comme une décision privilégiée par la moitié des Français (50%) lorsqu’il s’agit d’envisager leurs obsèques. Parallèlement, la proportion de nos compatriotes optant pour la traditionnelle inhumation est passée de 53% il y a un peu plus de quatre décennies à 29% désormais. Le choix entre ces deux formules laisse par ailleurs indifférent 1 Français sur 5 (21%).

Si les athées convaincus sont les plus nombreux (60%) à opter pour la crémation au lieu de l’inhumation (17%), la nuance est moins forte que l’on aurait pu l’imaginer chez les croyants religieux dont tout juste la moitié (51%) choisit d’être enterré et un tiers (33%) d’être incinéré. Quant aux croyants non pratiquants, ils sont à l’évidence plutôt partagés entre ces deux usages puisque 45% désignent la crémation et 34% l’inhumation. 

En se penchant dans le détail des chiffres, il apparait que les femmes (54%) sont plus nombreuses que les hommes (45%) à souhaiter être incinérées, un choix également plus fortement partagé par les aînés (64% de plus de 65 ans) que par les plus jeunes (34% des moins de 35 ans).

Religion et environnement vont de pair

6- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Dans leur majorité (56%), les Français ne prennent pas en compte le critère environnemental lorsqu’ils s’orientent vers la crémation, l’inhumation pour leurs propres obsèques ou bien la création d'une plaque funéraire. Et parmi les 44% qui disent que cela leur importe, seuls 17% indiquent que cela l’est « tout à fait ». Les résultats de l’étude montrent par ailleurs que plus on croit et plus on prend en considération l’environnement pour la dernière étape de sa vie terrestre : ce critère est effectivement important pour 58% des croyants pratiquants contre 47% chez les croyants non religieux et 35% chez les athées.

Sur l’échiquier politique, les proches d’Europe Ecologie les Verts sont les plus nombreux (67%) à y être sensibles, préoccupation globalement partagé par 52% des partisans de gauche contre 31% des partisans de droite.

Rêves de nature

En France, les règles en matière d’inhumation et de crémation sont strictes. L’inhumation doit être réalisée dans un cimetière ou, sous conditions très particulières, dans une propriété privée. Pour la crémation, il est possible d’enterrer l’urne dans un cimetière ou de la déposer dans un colombarium conçu à cet effet, de l’enterrer dans une propriété privée ou de disperser les cendres du défunt dans la nature. En revanche, conserver l’urne à son domicile est interdit depuis 2008.

7- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Les 2/3 des Français (63%) interrogés par l’IFOP sont en premier lieu très favorables à la dispersion des cendres dans la nature, dans un lieu symbolique pour la personne disparue, ce que la loi autorise aujourd’hui. En revanche, le souhait émis par 44% d’entre eux de procéder à un enterrement en dehors d’un cimetière n’est pour l’heure pas permis, tout comme la volonté de 19% de personnes interrogées de garder des cendres à la maison. L’idée d’organiser une cérémonie qui sorte des sentiers battus dans un lieu atypique séduit quant à elle 28% des Français, une proportion en nette baisse par rapport à 2018 (40% exprimaient alors cette idée). Enfin, 1 Français sur 10 (11%) aimerait que ses cendres partent pour un long voyage dans l’espace, une perspective à laquelle les hommes (16%) adhèrent bien plus que les femmes (7%).

La mort (des autres) fait toujours peur

ifop enquete plaquedeces

Près de 7 Français sur 10 (68%) ont déjà été confrontés à la mort, dont la moitié (35%) au cours des cinq dernières années.

8- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Qu’ils soient croyants ou non, les Français redoutent bien plus la mort de leurs proches que la leur. Moins de la moitié (49% dont 23% tout à fait) des personnes interrogées se disent angoissées à l’idée de leur propre disparition, mais plus de 8 sur 10 craignent plus que tout la perte d’un enfant (83% dont 64% tout à fait), celle de leur conjoint (76% dont 51% tout à fait), d’amis proches (70% dont 27% tout à fait) ou de leurs parents (69% dont 43% tout à fait). Globalement, 88% de nos concitoyens (et 91% de celles et ceux qui ont déjà été confrontés à la mort) expriment une forte inquiétude.

Ces pensées angoissantes touchent de manière plus forte les femmes que les hommes. Ainsi, elles sont 88% (contre 76%) à craindre la mort d’un enfant, 81% (contre 69%) à redouter celle de leur conjoint ou encore 54% (contre 45%) leur propre disparition.

Étude réalisée par l’IFOP pour Plaquedeces.fr groupe Otypo / ADDAXA du 5 au 6 septembre 2023 par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 1 013 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française.